La science-fiction de la sud-africaine Lauren Beukes est décidément une bonne surprise à chaque nouveau roman. En effet, elle a ce génie de pouvoir réinventer les codes du genre et jouant avec; en les faisant sien, elle leurs insuffle un renouveau rafraîchissant. Moxyland exploite le filon pessimiste, inauguré entre autre par 1984, d’une société contrôlée par une dictature à la sauce « big brother ». Mais l’auteure actualise le concept en insérant la problématique de la publicité (comme dans Minority Report de K.Dick) qui nous traque et voudrait s’adapter à chaque individu.
Ce thriller politique complètement hystérique est une véritable débauche où l’apocalypse programmée et le grotesque dansent un quadrille mené par la mort. Même si parfois, le récit est un peu brouillon de part la multiplicité des points de vue, il donne à voir de façon saisissante une société totalitariste courant à sa perte car dévoré par l’argent et la surinformation ou surmédiatisation. Lauren Beukes se fait oiseau de mauvais augure et cela lui va bien!
En effet, cette tragédie est remarquablement bien écrite (et traduite aussi). Le style aérien et tonique est travaillé jusque dans les moindres recoins. La spécialité de cette auteure, dans la plus pure tradition SF, d’inventer des mots, pour son univers. Cette nouvelle langue doit être décrypté par le lecteur en fonction du contexte et de la situation (je vous rassure, il y a un lexique à la fin du livre si vraiment vous séchez). Cet effort intellectuel est un plaisir de lecture non négligeable.
Il serait idiot de passer à côté de cette bombe!