J’ai mis du temps à apprivoiser cet ovni. Je l’ai lu avec lenteur et délicatesse. Je l’ai laissé m’emporter dans son rêve. Je n’ai dû comprendre que le trois quart du roman et pourtant je l’ai aimé. 
L’ecriture de Morgenstern tout en élégance et féminité nous offre une narration toute en finesse et avec beaucoup de tendresse. Le cirque des rêves est un roman d’ambiance où la chronologie explose en divers temps, où les personnages s’imbriquent en un kaleidoscope formant le coeur du roman. Les multiples acteurs donnent un héros principal monstrueux. La machinerie mettant en branle la trame est le sujet-personnage.
C’est pourquoi, il peut être difficile, au commencement, à ne pas se perdre entre les différents protagonistes et les différentes intrigues nouées entre elles.
L’écriture poétique est au service d’une architecture structurée extrêmement rigoureuse fonctionnant à la perfection grâce à une chronologie alambiquée.
Cependant, quelques longueurs parsèment l’histoire de ce cirque étrange de la fin du XIXe et début XXe. Une odeur de décadentisme flotte dans l’atmosphère éthérée et les sous-entendus glissés par l’auteure un peu partout au fil des pages finit, parfois, par laisser car aucune réponse concrète n’est donnée. Ce souffle d’occultisme est à mon sens le point faible de ce roman même s’il contribue à l’odeur mystérieuse de l’action que l’on ne comprendra jamais complètement. Quel est ce défi? Quelles en sont les règles?
L’action très lente avance suivant un balancement singulier qui donne l’impression parfois que nos pas se dérobent sous un quelconque chemin bancal. Le fait que tout ne soit pas dit apporte une certaine lourdeur au texte. Cela m’a gênée tout en me frustrant.
Pourtant, la magie opère dans ce roman. Mais bien qu’il soit envoûtant, il reste assez difficile d’accès. Prenez votre temps et savourez-le, il en vaut la peine.
challenge littérature de l’imaginaire: 58/60
Le boudoir qui boude 